IHEU member organization Libre Pensée has condemned recent death threats for “blasphemy” against Robert Redeker as a blatant attempt at intellectual oppression. Libre Pensée has called on the French authorities to ensure the protection, at public expense, of Mr Redeker, on the grounds that the right to life and absolute freedom of conscience are guaranteed constitutionally by the laws of the French Republic and the 1905 law of separation of religion and state.
The Libre Pensée statement (in French) is published here.
A propos de l’affaire Redeker
La Fédération nationale de la Libre Pensée, informée des menaces de mort pour « Blasphème » contre Robert Redeker ne saurait accepter cette entrave délibérée à l’exercice du droit d’exprimer son opinion. La Libre Pensée condamne fermement cette tentative d’oppression intellectuelle. Elle s’adresse solennellement aux pouvoirs publics pour qu’ils assurent la protection, à leurs frais, du citoyen Robert Redeker, car le droit à la protection de sa vie est un droit imprescriptible des citoyens.
La liberté absolue de conscience étant garantie constitutionnellement par les lois de la République et, en premier lieu, par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, dont la Libre Pensée a réaffirmé, avec force et vigueur, toute la validité et la modernité à l’occasion de son centième anniversaire ; il ne saurait y avoir aucune entrave, de quelque nature que ce soit, à l’exercice de cette liberté fondamentale.
Après avoir pris connaissance de l’ensemble des documents mis à sa disposition, les membres de la Commission Administrative Nationale de la Fédération nationale de la Libre Pensée estiment devoir indiquer clairement leurs sentiments sur cette « affaire ».
LES CONSIDERANTS :
1- Robert Redeker écrit un article dans le Figaro le 19 septembre 2006, où l’on peut lire les choses suivantes (extraits) : « Le Coran est un livre d’inouïe violence. Mais ce qui différencie le christianisme de l’islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l’Église. Aucune des fautes de l’Église ne plonge ses racines dans l’Évangile. Jésus est non violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l’institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d’amour, Mahomet, un maître de haine.
Au lieu d’éliminer cette violence archaïque, à l’imitation du judaïsme et du christianisme, en la neutralisant (le judaïsme commence par le refus du sacrifice humain, c’est-à-dire l’entrée dans la civilisation, le christianisme transforme le sacrifice en eucharistie), l’islam lui confectionne un nid, où elle croîtra au chaud. Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l’islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine. «
2- Il ne s’agit donc pas d’une critique laïque et rationaliste des croyances, mais l’affirmation que toutes les religions ne se valent pas et que l’Islam est pire que toutes les autres. Au passage, la lecture historique est un peu « révisionniste », car faire de la Bible hébraïque une livre de douceurs humanistes relève d’une méconnaissance totale d’un ouvrage qui fait l’apologie de massacres et de pillages et qui amène l’assassinat politique au rang de méthode de gouvernement.
Quant au christianisme, l’auteur devrait méditer les phrases suivantes que l’on prête au dénommé Jésus : » N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. (Matthieu,10,34,37)». Ou encore : « Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi. (Luc, 19, 26,27] ». On conviendra qu’en matière de non-violence, on a fait mieux. Toute l’histoire ensanglantée du christianisme montre que ce n’était pas une vue de l’esprit (si l’on peut dire en la matière, car cela constitue un oxymore théologique).
3- Pour l’auteur, le débat ne se situe pas dans une critique globale des religions, mais bien dans l’établissement d’une hiérarchisation des systèmes de croyances selon un étalon de valeurs qui est le sien. Cela ne peut donc déboucher que sur un contexte d’affrontements religieux, voire de guerre civile. C’est le point de départ de cette affaire.
4- Force est de constater qu’une bien curieuse union nationale se
crée autour de ce problème avec un certain nombre de gens peu connus pour leur attachement à la liberté de conscience et à la laïcité, du journal démocrate-chrétien le Monde, au ministre de Robien en passant par le Figaro. C’est un peu louche.
5- Cette situation de tension amène, par exemple, l’UFAL de Haute-Garonne (où se passe l’événement) à faire cette déclaration en « direction des musulmans » : « Suite à l’article de la Dépêche du Midi du 27 septembre ” Le prof de philo menacé par des islamistes ” l’Union des Familles Laïques de la Haute-Garonne demande aux musulmans français de notre département de se prononcer contre les menaces proférées contre Robert Redeker à la suite de sa tribune libre parue dans le Figaro du 19 septembre.
Parce que beaucoup sont dans nos rangs, parce que nous les côtoyons souvent dans nos combats militants, nous savons que la grande majorité est attachée à la laïcité. Le moment est venu de faire entendre votre voix ou bien courir le risque d’être assimilés aux islamistes intégristes qui ne sont qu’une poignée.
Il est inadmissible que dans un pays dit ” de droit ” nous ne puissions pas exprimer nos idées librement. C’est votre responsabilité que de démontrer que l’islam ne fait pas l’exaltation de la violence et de la haine. Nous savons, mes amis, que nous pouvons compter sur vous. »
Va-t-on s’adresser de la même manière aux catholiques pour leur demander de condamner les déclarations des papes Jean-Paul II et Benoît XVI sur la contraception, l’avortement, le port du préservatif et , en cas de refus de leur part, les taxer « de complices des morts dus au SIDA en Afrique » ?
Va-t-on sommer les Juifs en France de condamner les exactions de l’armée israélienne en Palestine et au Liban et, en cas de refus, de les désigner comme les « complices d’un génocide » ?
Va-t-on fustiger les protestants de notre pays s’ils refusent de condamner les ignominies de George.W. Busch à travers le monde et dans son propre pays, en les traitant de « valets de l’impérialisme » ?
Avec de telles méthodes, nous posons la question : qui alimente et nourrit les affrontements communautaristes ? Si ce ne sont ces apprentis-incendiaires qui ont recours à une telle politique de dénonciation qui ne peut déboucher que sur des conflits tribaux d’un autre âge.
6- Constatons que des propos disproportionnés sont utilisés dans cette question, ce qui ne contribue pas à l’examen lucide et rationnel du problème. Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle affaire Salman Rusdhie, Tasliman Nasreen ou du Dr Shaikh. Ces trois éminents laïques ont écrit dans un pays islamique et ont encouru les lois islamiques de ces pays qui prévoient que le « délit de blasphème » est puni de mort. Le risque était d’une autre nature que celle que subit Robert Redeker qui n’est pas de culture islamique (ce qui fondait et aggravait le caractère de « blasphème » dans les pays islamiques). Il est dans un pays qui depuis 1792 a abrogé ce délit. Personne de sensé ne peut ignorer les différences de situations qui ont amené une campagne acharnée de la Libre Pensée pour sauver Salman Rushdie, Tasliman Nasreen et le Dr Shaikh.
Faire de Robert Redeker le nouveau « Salman Rusdhie » est donc totalement abusif. De même, l’argument du genre « Si on ne réagit pas maintenant, il ne faudra pas se plaindre quand il sera trop tard» en instrumentalisant, au passage, Munich et Hitler, est un argument qui ne vaut plus rien, tellement il a été utilisé à mauvais escient en Yougoslavie, en Irak, en Iran au compte de la politique des USA. En matière financière, nous pourrions dire qu’il est totalement démonétisé.
7- En matière de défense du droit à la liberté d’expression, la Fédération nationale de la Libre Pensée rappelle qu’elle a défendu le professeur Louis Chagnon de Courbevoie qui était poursuivi pour simplement avoir rappelé des vérités historiques, dûment vérifiées, sur le rôle de Mahomet contre une tribu juive. La Libre Pensée est fière d’avoir eu dans ses rangs les plus illustres penseurs de la critique religieuse.
Après avoir examiné l’ensemble des considérants de cette affaire, la Fédération nationale de la Libre Pensée n’entend pas s’associer aux campagnes publiques actuelles mais, au contraire, agir sur son propre terrain, en toute indépendance, pour défendre pleinement et efficacement
la liberté absolue de conscience.
Paris le 3 octobre 2006