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Agir ensemble pour la laïcité: Déclaration commune d’associations françaises membres de l’IHEU

  • post Type / Members and partners
  • Date / 21 December 2010

L Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP), la Ligue de l’Enseignement et pour l’Éducation populaire (LDE), l’Union rationaliste (UR), le Mouvement Europe et Laïcité (CAEDEL), associations françaises adhérentes à l’Union Internationale Humaniste et Laïque (IHEU)* ont décidé de rendre publique cette déclaration.

Nos associations ont eu des histoires et des objectifs différents. Les luttes passées et présentes ont pu montrer la diversité de nos approches sur des sujets d’actualité, mais nos associations entendent marquer leur profond accord sur les questions essentielles qui se posent au mouvement laïque.

La loi de 1905 est constitutionnelle

Le CAEDEL, la LDE, l’UR, la FNLP entendent indiquer clairement que, face aux conclusions du rapport Machelon, aux sous-entendus et interrogations gouvernementaux, ou à certains errements de collectivités territoriales,  elles considèrent que la loi du 9 décembre 1905 dite de séparation des Églises et de l’État, est une garantie constitutionnelle de la liberté de conscience. Avec toutes les lois de liberté syndicale, politique, d’association, de presse et de réunion , elle constitue un bloc indissoluble du droit constitutionnel. Elle garantit la stricte égalité républicaine dans le domaine des opinions.

En décrétant le principe de séparation des Églises et de l’État, c’est-à-dire en séparant ce qui relève de la conception idéologique et métaphysique de la réalité, culturelle,  sociale et politique,  une liberté essentielle  des droits de l’individu a été établie. La liberté absolue de conscience est l’affirmation du droit de l’individu contre les obligations communautaires. Nos associations refusent  l’idée que le caractère multiculturel de la société soit institutionnalisée par l’établissement de règles contribuant à retarder  des évolutions naturelles dans les sociétés modernes.  

Il ne saurait y avoir de véritable démocratie sans la garantie d’une absolue liberté de conscience.  Il ne saurait être question de remettre en cause ce droit imprescriptible, fondement de la liberté humaine. Chacun doit être libre de poursuivre son chemin comme il l’entend.

La laïcité est émancipatrice

Dans le  mouvement de libération de l’individu, l’instauration de l’instruction publique, laïque et obligatoire a été un moment essentiel de promotion d’un  savoir dégagé de l’obscurantisme. C’est pour cela  que le mouvement laïque  a toujours aspiré à ce que l’argent de tous (fonds publics) aille à l’Enseignement de tous (écoles, universités). Notre opposition maintenue et résolue à la loi Debré du 31 décembre 1959 est la marque publique de cette opinion. Mais la réaction, dans les domaines social, religieux et politique, n’a eu de cesse de prendre sa revanche.

Dans un immense effort de construction de la République, l’enseignement public instruisit des générations entières, non pour  lutter contre des opinions soumises à la libre discussion, mais pour refuser des dogmes imposés à la conscience humaine. L’instauration du principe du monopole par l’Etat de la collation des grades donne à ce dernier l’outil permettant de garantir ce respect partout. Nous voudrions rappeler que c’est le monopole de la collation des grades (établi en 1880) qui met,  notre pays  relativement à l’abri, au sein de l’Enseignement public, des obscurantismes diffusés par les néo-créationnismes vis-à-vis de la théorie de l’Évolution, certaines idéologies religieuses, quant aux réalités sociales en condamnant la lutte contre le sida, etc.

Les récentes décisions du pouvoir politique de battre en brèche ce principe au profit, pour l’instant, des enseignements catholique et protestant est une préoccupation majeure de nos associations.  C’est pourquoi, sous des formes diverses, elles ont toutes fait connaître leur opposition  à  l’accord Kouchner/Benoît XVI. La décision rendue du Conseil d’État n’invalide pas le fond de nos requêtes, limite les prétentions du Vatican, mais n’éloigne pas le danger.

La  reconnaissance accrue du rôle de l’enseignement privé passe aujourd’hui par l’augmentation des subventions qui lui sont allouées sous des formes multiples et l’affaiblissement de l’enseignement public par la réduction de ses ressources financières, la diminution croissante des postes budgétaires alloués et l’application des normes du privé.
Le ministère de l’Education nationale envisage de supprimer 16 000 postes supplémentaires à la rentrée 2011, dont 5000 postes d’enseignants dans le second degré, 8000 postes dans le premier degré, 2000 postes « Équivalent temps plein » d’étudiants en Master effectuant des stages en responsabilités. Plus de 50 000 postes ont été supprimés depuis 2007. De 1996 à 2010, le nombre de postes proposés aux concours d’enseignement (CAPES et Agrégation) a été réduit de 45 à 89% suivant les disciplines.

De la maternelle à l’Université, des IUFM au CNRS, des collèges aux Grandes Écoles, c’est une volonté de transférer la charge et les obligations de l’État et des Administrations vers le secteur marchand du privé, qu’il soit religieux ou mercantile.

Le « Chèque éducation” irait dans le même sens. Les parents reçoivent de l’Etat un « chèque éducation », soit une somme d’argent pour régler les frais de scolarité ; ils choisissent ainsi l’école et le type d’enseignement qu’ils désirent pour leurs enfants. C’est la scolarité qui est subventionnée et non plus les écoles qui deviennent « libres » : tarifs, pédagogie …et donc concurrentes sur le plan de l’éducation et économiquement ! Ce système est partiellement appliqué dans plusieurs pays : USA, Grande Bretagne etc. C’est la préparation d’une privatisation de l’Education, d’un démantèlement du service public pour la récupération de l’éducation par des groupes commerciaux, confessionnels et patronaux.

L’utilisation, en nombre croissant, d’établissements privés comme centres d’examens pour les diplômes d’Etat (brevet, baccalauréat, BTS, …) est une véritable atteinte à la liberté absolue de conscience des personnels, à leurs statuts ainsi qu’aux convictions philosophiques et/ou religieuses des familles et des élèves.

La LDE, l’UR, la FNLP, le CAEDEL  entendent marquer leur opposition formelle à ce processus, en toutes circonstances, et prendre différentes initiatives pour mener en commun les actions nécessaires, face à la multiplication des attaques de différentes natures qui menacent la finalité de l’objectif de l’Instruction publique au service de l’émancipation de tous.

(*) L’IHEU est un regroupement international d’organisations laïques, humanistes, sceptiques, rationalistes, libres penseuses, etc.. rassemblant une centaine d’associations de 40 pays. Elle coordonne le mouvement humaniste et le représente dans les institutions internationales. Voir www.iheu.org.

Paris, le 9 décembre 2010

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