RESOLUTION ADOPTEE AU COLLOQUE : POSITIONS LAIQUES EN TERME DE « BIOETHIQUE ». BILAN ET PERSPECTIVES
BARCELONE, 30 SEPT-1 OCT 2011, Faculté de Droit de l’Université de Barcelone.
Parrainée par l’ Union Internationale Humaniste et Ethique (IHEU) dont le représentant est Roger Lepeix, et à l’initiative de la Fondation Francisco Ferrer (Espagne), l’Association des athées et libres penseurs de Catalogne, La Libre Pensée (FNLP), (FR), le Centre d’Action Laïque (CAL), (B) et la Fédération des Amis de la Morale laïque (FAML), (B).
Organisateurs : Charles Susanne (B) et Michel Godicheau (FR)
LIBERTE DE CONSCIENCE – LIBERTE POUR LA RECHERCHE
Nous, libres penseurs européens, réunis à Barcelone ces 30 septembre et 1er octobre 2011, dans le cadre d’un colloque de bioéthique, réaffirmons notre attachement au respect de notre pleine et entière liberté de conscience concernant notre vie, du début à la fin de celle-ci. Nous constatons que dans de nombreux pays d’Europe, des entraves s’élèvent au plein exercice de cette liberté de conscience. Nous ne pouvons admettre que certains gouvernements s’alignent sur des principes clairement d’inspiration religieuse, énoncés comme des vérités universelles. Il est inadmissible qu’une conception confessionnelle du monde soit imposée à l’ensemble de la société alors qu’il s’agit de défendre et de promouvoir une société où règne un respect mutuel.
Une tendance religieuse ne peut imposer à toute la société sa propre perception spiritualiste de la dignité humaine.
La liberté de pensée s’est construite en Europe contre l’autorité des dogmes. Nous voulons donc réagir contre la nouvelle composition du GEE -Groupe Européen d’Ethique– véritable caricature d’une recherche en matière éthique. Avec une présence massive de théologiens, prêtres ou enseignants d’universités confessionnelles (à savoir 8 des 15 membres, dont pour la France une vierge consacrée[1] !) le GEE se caractérise par une absence totale d’équilibre entre les modes de pensée philosophique et entre les différents corps scientifiques, médicaux et juridiques. L’alliance d’intérêts au niveau de l’ U. E. entre pouvoir politique et clérical ne peut être mieux démontrée que par la composition du GEE.
Nous ne pouvons admettre que des États européens et l’Union européenne elle-même essaient de remettre en selle des canons religieux aux fins de conservatisme politique, social et éthique et mettent ainsi en péril une paix civile dont seule la séparation des Églises et de l’État est garante.
La liberté de conscience est toujours la première des Libertés à être menacée lorsqu’une alliance se réalise entre ces pouvoirs politiques et cléricaux. Cette alliance prend autorité sur notre vie à partir de principes imposés par une hiérarchie religieuse en rien représentative et en rien démocratique.
La liberté de pensée en Europe est donc en danger. Nous protestons contre l’utilisation dogmatique du concept de dignité humaine pour en déduire entre autre de manière abusive, des interdictions à propos de la recherche sur embryon, des cellules souches embryonnaires, de nos choix sur notre vie et notre mort.
Les participants à ce colloque poursuivent un seul but, comme le démontrent nos travaux de Barcelone : faire la pleine lumière sur les connaissances, toutes les connaissances afin que chaque citoyen se forge son opinion en s’émancipant de toute tutelle.
Nous voulons donc protester contre cette forme de fondamentalisme présent dans certains Etats, à savoir un groupe partisan, qui sur base de critères théologiques, voudrait imposer à tous les êtres humains, même à ceux qui ne partagent pas ses croyances religieuses, sa conception non laïque de la société. Cela porte un nom que l’on pensait disparu du vocabulaire européen : le totalitarisme.
[1]Marie-Jo Thiel (France)Professeure de l’Université de Strasbourg, Directrice du Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique de l’Université de Strasbourg, PhD en théologie (Univ. Metz et Univ. Strasbourg). Elle fait partie de l’ordre des vierges consacrées ayant donc pour mission de « porter au coeur du monde l’amour de Dieu ».